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28 mars 2008

Du charme discret et troublant de Patty Waters

PATTYWATERS3 Patty Waters... autant l'avouer tout de suite, je ne sais pratiquement rien d'elle… Je ne suis pas le seul, d'ailleurs. L'essentiel de ce que j'en sais viens du disque ci-dessus, croisé dans une médiathèque (comme souvent!). C'était un CD avec une assez belle photo : "You Thrill me / a musical Odyssey (1960 - 1979)" (Water records 137). Je ne suis pas fan à priori du soit disant genre "Jazz vocal". Diana Krall, Nora Jones, Patricia Barber, Lisa Ekdhal... je m'en passe très bien. Par contre j'ai un gros faible pour Jeanne Lee, Billie Holliday, Nina Simone ou Susanne Abbuehl. Au niveau de perfection de ces dernières, on n'est plus dans la "chanson", toute "jazzy" qu'elle se prétende, mais dans la musique pure, au cœur même de l'essence du jazz. Donc, ce CD, j'ai eu envie de voir de quoi il retournait. Pour vivre heureux vivons curieux! Et bien ce disque m'a sonné!! K.O. debout le Doudou! Le disque est composé de démos, de prises rejetées, de morceaux inédits, que Patty Waters possédait chez elle. Curieusement il s'ouvre sur un jingle de pub pour la "Jax Beer", chanté par la belle, d'un intérêt, disons, limité… Mais aussitôt après, on est dans complétement autre chose. On se retrouve projeté dans une autre dimension, dans des ballades murmurées au bord du gouffre, des "Georgia on my mind" à couper le souffle, des "Fine and mellow étranglé de larmes, des "Lover man" à tomber à genoux, auxquels s'ajoute des compositions originales de Waters - texte et musique - et sur lesquels elle s'accompagne elle-même au piano. Bien souvent elle ne finit pas les morceaux, ne va pas jusqu'au bout de la prise car l'émotion est trop grande, et la belle se retrouve avec la voix brisée. Coeurs sensibles s'abstenir! Et en plus elle joue super bien du piano! "Touched by Rodin in à Paris museum", en piano solo, est une méditation, un moment de poésie qui ferait fondre le plus endurci des imbéciles. Moi-même, tenez, qui n'en suis pourtant pas un (je me flatte de le penser), j'en ai les larmes aux yeux! Tant de beauté, non, c'est trop! PattyWaters2 Mais qui est Patty Waters, alors? Un visage d'abord, beau visage, qui évoque un peu Janis Joplin. Elle est née "dans les années 40", du côté de l'Iowa… Il paraît qu'elle a surtout écouté Billie Holliday, qu'elle était l'une des chanteuse préférée de Miles Davis et de Patti Smith; On lit qu'elle était une artiste "mythique" des sixties… "Patty Waters sings", son premier album, sort chez ESP en 1965, label militant du free le plus radical des 60's. Ce serait Albert Ayler Ayler lui même qui l'aurait présenté au patron d'ESP. L'album s'ouvre sur des ballades intimiste, minimaliste et rêveuse, tel le "Moon don't come out tonight" ci dessus, et se ferme par un "Black is the color of my true love’s hair" de légende, furieusement free, qui oscille entre chuchotement et hurlement… Ce n'est pas ce que je préfère, mais le voici, pour se faire une idée plus complète de sa démarche : Puis, en 1966 sort "College tour", un album live, paru sur ESP également. Puis.. plus rien. Vers 1968/69, Patty Waters "disparaît" en Californie. En fait elle fuit la violence de New-York envahit par la dope. Pendant trente ans on n'entends plus parler d'elle, même si des rumeurs rapportent qu'elle joue ici ou là sur la côte Ouest… En1996, sort un nouvel abum, "Love songs", en duo avec la pianiste Jessica Williams, sur label Jazz Focus En 2004 le "You Thrill me" dont je parle. Et en 2005 "Happiness Is a Thing Called Joe: Live in San Francisco 2002 " (chez DBK Works) (Je viens de la commander sur le net...). Tous les morceaux que je connais d'elle sont des merveilles de délicatesse, d'émotion, de sensibilité à fleur de peau, de musicalité, des miniatures fascinantes et bouleversante. Intensité émotionnelle, mépris de la virtuosité et du "glamour", mais grande projection de l'émotion... tout y est admirable et intemporelle. La beauté dans sa forme la plus chimiquement pure.
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Commentaires
D
Oui, c'est vrai (c'était une boutade). Je ne sais pas pourquoi les saxs ne chantent pas... Peut-être la voix du sax est-elle trop forte. La trompette met une limite technique qui n'existe pas dans le sax. Chanter comme Coltrane joue, c'est impossible, comme Rollins joue, idem, comme Dolphy joue (certains pensionnaires de la star ac y arrivent...hihihi)...<br /> <br /> Forcément, le chant de la voix ne peut-être que limité par rapport au vol du saxo.
R
Wof oui, la Coltrane marmonne ou psalmodie plus qu'il ne chante...<br /> Gato Barbieri chantonne parfois, aussi...
D
Brièvement, dans "A Love Supreme"...
R
Hein?!?<br /> moi je dis des conneries parfois?<br /> ah non! <br /> tu dois te tromper,<br /> tu dois confondre avec un autre, non?<br /> <br /> C'est intéressant ce que tu dis, est-ce qu'on écrit comme on dessine, est-ce qu'on dessine comme on écrit?<br /> En effet, je dirais que, en ce qui me concerne, c'est un peu similaire :<br /> je ne suis pas un spontanéiste, il me faut du temps, je reviens du fois sur le truc, je le refait cent fois, pas pour le compliquer, mais comme tu le dis, pour élaguer, raboter, raccourcir, simplifié...<br /> <br /> "... les grands trompettistes chantaient comme ils jouaient"<br /> Oui, c'est vrai de Chet Baker, d'Armstong, de Dizzy Gillespie... de Médéric Collignon.<br /> En revanche, je ne connais pas de saxophoniste chantant...
D
Le compliment est sincère, crois-tu que j'attendrais si impatiemment ton entreprise Monkienne si je ne savais pas déjà que ce serait grand...<br /> <br /> Je ne sais plus qui disait qu'il était à chaque fois frappé de constater que les grands trompettistes chantaient comme ils jouaient. Et bien, toi, tu écris comme tu dessines, par trait, petites touches, souci du mot juste, de l'expression qui fait mouche. C'est simple, épuré, juste. C'est comme ça que l'on devrait tous témoigner de la musique, avec talent et humilité...<br /> <br /> Bon allez, j'arrête...<br /> <br /> En plus, des fois, ça t'arrive de dire des conneries, hein...héhéhé !
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