Steve Coleman & SF jazz Collective au Parc Floral
Samedi dernier, 26 juillet, je me suis rendu au Parc Floral de Paris, avec mon compère Dorham (voir sa version des faits), à un concert en deux partie : SF Jazz Collective, puis Steve Coleman & Five Elements + Opus Akoben.
Je commence directement, au mépris de la chronologie, par le coeur de l'événement, par la seconde partie, le concert de Steve Coleman.
Le dispositif était sacrément pléthorique!
Steve Coleman (alto sax) était venu avec son groupe, les Five Elements, comprenant Tyshawn Sorey (batterie), Thomas Morgan (contrebasse), Tim Albright (trombone), Johnathan Finlayson (trompette), et l'adorable autant que talentueuse Jen Shyu (voix).
De plus, Steve Coleman invitait, disposés de l'autre côté de la scène, Opus Akoben, un collectif de deux rappeurs, Kokayi et SubZero, complétés de Jon Laine (batterie) et Ezra Greer (basse électrique).
11 personnes sur scène, dont deux section rythmiques!
L'impression première est celle d'un continuum musical, composé d'éléments de nature hétérogène se superposant, se tuillant en couches ou en strates, comme des courants se composant à des vitesses et des intensités différentes, mais avançant ensemble, ou, à d'autres moments, se combattant ou s'opposant.
On trouve, entre autres éléments charriés par ces courants différents : de la musique contemporaine, de la musique indienne, africaine, du free-jazz.
Toute une écriture contemporaine exigeante et novatrice soutenu par une puissante et jubilatoire rhytmique hip-hop.
Mais il y eu aussi un standard, une reprise de toute beauté, murmurée au bord du silence, du "Soul Eyes" de Mal Waldron.
Le public semblait parfois un peu réticent lors des passages les plus "difficiles" de Steve Coleman & Five Elements.
En revanche, les interventions de Opus Akoben emportaient le morceau, et soulevait l'enthousiasme de tous, jeunes et vieux.
C'est en effet un fascinant couple de rappeurs pas comme les autres, ces Opus Akoben.
Comme dans tous les grand duo comique, il y a le gros et le maigre, l'extraverti et l'introverti, l'intello et le rigolo, le chevelu (dread-locks) et le chauve, etc...
L'un comme l'autre, en tout cas, font preuve d'une habileté vocale, d'une agilité et d'une virtuosité ébouriffante, sans aucune commune mesure avec ce qui passe pour rap ces derniers temps, et qui fait penser qu'avec eux, le rap rejoint (enfin? à nouveau?) les délires des plus grands "scatteurs" jazz.
Quelqu'un a eu la bonne idée de poster un extrait de ce concert sur Daily Motion, au moment de la fin, tandis que tout le monde se tient en une "standing ovation" géante, mais bien méritée, après une prestation qui fut une jubilation tant pour l'esprit que pour le corps qui se prend à onduler et à taper du pied.
***
En première partie de ce concert, se produisait le SF Jazz Collective, encore une grosse cylindrée.
Il s'agit d'un "all-star", comme on dit, c'est à dire un orchestre constitué de grands solistes qui ont par ailleurs leurs formations et leurs projets propres.
Dans le SF Jazz Collective, du moins dans sa mouture actuelle, on trouve : Joe Lovano (ténor sax - dessin ci-dessus) Dave Douglas (trompette), Stefon Harris (vibraphone), Miguel Zenón (alto sax), Robin Eubanks (trombone), Matt Penman (contrebasse), Renee Rosnes (piano), et Eric Harland (batterie).
Le SF (comme San Fransisco) jazz collective a, à mon avis, les défauts de ses qualités : des solistes de très haut vol, mais qui ne peuvent avoir chacun qu'un "espace" un peu limité, par la nécessité de laisser aux autres la place et le temps pour s'exprimer, et un son d'ensemble, une cohérence commune, qui se cherche un peu...
Les musiciens nous ont quand même régalés de solos remarquables.
Particulièrement Miguel Zenon, embraseur de sax alto, Stephon Harris, funambule du vibraphone, Robin Eubanks, surement l'un des meilleurs trombonistes du moment, et Dave Douglas avec des solos acéré et nerveux s'envolant brusquement dans les aigu.
Joe Lovano semblait marcher un peu à l'économie...
Les morceaux joués par le SF étaient pour grande partie des compositions de Wayne Shorter ("Armaggedon", "Yes or No") ré-arrangés par les membres du groupe, ainsi que quelques compositions originales.
On peut entendre et voir le SF Jazz Collective là (mais avec Andre Hayward remplaçant Robin Eubanks au trombone).