Stevie Formidable
Allez allez!
On va pas se laisser faire!
Se laisser stresser,
on va pas rester tout inquiet,
la tête à l'envers et le nez dans le guidon,
à ruminer, à bougonner, à renâcler.
C'est pas bon tout ça.
On va se faire du mal, à la fin.
Ce qu'il nous faut, c'est de la vitamine,
du pep's, du concentré de tonus.
Il nous faut du soleil dans les yeux.
Bref, il nous faut de la Soul Music :
une riff de basse solidement ancré dans le macadam urbain,
un riff de cuivre entêtant,
un tchakatak-tchakatak de guitare wah-wah,
un "beat" de batterie rebondissant comme balle de Jokari...
il nous faut des coupe afro,
des fleurs et des tee-shirts moulants.
Il nous faut un truc radical,
un remède de cheval,
il nous faut du groove,
il nous faut Stevie Wonder.
Comme ici, au meilleur de sa forme, en 1973,
interprétant "Superstition" tiré de l'album "Talking Book",
dans l'émission "Sesam street"
- si si, l'émission "5 rue Sésame" qui a bercé notre enfance ! -
D'où la présence de marmots agitant leurs maracasses à l'arrière plan.
Au fond un petit gamin rappelant vaguement Michael Jackson (est-ce vraiment lui?!?),
kiffe trop sa vibe en écoutant Stevie Formidable,
et secoue sa tignasse tant qu'il peut.
On n'a pas l'air de l'avoir forcé... c'est son truc.
Stevie Wonder, lui, ondule, perdu dans ces visions intérieures ("Innervisions").
C'est qu'il appartient à cette confrérie des rhapsodes du blues, noir et aveugle :
Homère, Blind Lemon Jefferson, Art Tatum, Roland Kirk, Ray Charles, ...
Eberluant, non?
Un morceau de prés de sept minutes live (d'où le break un peu foireux de la fin)
dans une émission pour enfants,
avec des vrais musiciens,
blancs, noirs, jeunes, vieux, binoclards, maigres, gros, mélangés,
mal attifés ou pas,
jouant sur des vrais instrument en vraie peaux, vrai bois, vrai cuivre.
Il y a même des flottements, des moments vides... quel luxe! de l'espace!
Réalisé sans trucage!
Pas de doute, c'est vieux, très vieux...
j'avais quatre ans à l'époque, c'est dire.
Plus personne ne fait de la musique comme ça, c'est fini.
Parfois on frôle ce que faisait Miles Davis à l'époque...
On est à un degré de perfection extrême.
Pour moi c'est l'expression joyeuse enfantin à l'état chimiquement pur.
Une force juvénile indomptable.
Sérieux, j'ai quasi la bouille de Stevie Formidable quand j'écoute ça!
C'est presque choquant comme musique,
presque too much, en ces temps de tyrannie morose.
J'ai écouté ça trois mille fois, et je vous jure, ça marche.
Et c'est en vente libre, sans ordonnance.