Chauffer dans la noirceur : l'art de feu Freddie Hubbard
"Chauffer dans la noirceur".
C'est une expression québecoise qui signifie tout simplement "conduire une voiture de nuit".
Pourtant, pour moi, cette expression exprime très bien, de façon forte et imagée,
l'art du trompettiste Freddie Hubbard,
mort hier, lundi 29 décembre, à 70 ans.
C'est par Dorham que je l'apprend.
Pour moins Hubbard – Freddie, hein, pas Ron! –
c'est avant tout une sorte de rage,
une "rage de l'expression", selon la formule de Francis Ponge,
une façon de transe perçante, vrillante,
une frénésie orageuse,
un son de trompette très urbain,
pas vraiment brillant, mais tendu comme un arc - électrique! -.
D'ailleurs Frederick Dewayne Hubbard avait une tronche et des épaules de costaud,
de dur, de boxeur, de mec pas commode,
à l'image de son style de jazz, presque méchant.
En cela, je trouve qu'il est plutôt dans la lignée de Miles,
contrairement à ce que certains prétendent.
"Hub"jouait des trucs tordus,
des trucs de malade,
des composition acrobatiques jouées sur des tempos furibards,
des accélérations en vrilles, des piqués, des loopings, des atterrissages forcés en brousse.
Faut accrocher sa ceinture pour écouter ce gars.
C'est ce que les savants appellent le hard-bop,
style qui fit flores du milieu des année 50 au milieu des années 60.
Freddie Hubbard est alors sur presque tous les coups,
sur pas lmall des opérations commandos de Coltrane, Ornette Coleman,
Art Blakey, Herbie Hancock, Wayne Shorter, Max Roach, Eric Dolphy…
En compagnie de ces gars-là, Freddie Hubbard a poussé le hard-bop jusqu'aux frontière du free-jazz.
En vidéo, ci-dessus, un petit extrait de son savoir faire,
en compagnnie des Jazz Messengers d'Art Blakey,
en 1963 à San Remo (USA) avec Blakey, donc, aux baguettes,
Wayne Shorter (sax), Curtis Fuller (trombonne),
Cedar Walton (piano) et Reggie Workman (contrebasse.).
On ne voit là que le solo d'Hubbard.
Le début du morceau est là.