"Whatever Works" de Woody Allen
Le film commence par la rencontre de Boris Yellnikoff - interprété par Larry Charles -,
un vieux bougon caustique,
un misanthrope sympa,
un libre penseur se prétendant quasi prix Nobel de physique ,
et de Melody - interprétée par Evan Rachel Wood - ,
une jeune fugueuse qui débarque à New York,
jolie mais pas fute-fute,
pétrie d'idées toutes faites et de préjugés,
transmis par ses réacs de parents.
Boris Yellnikoff vit seul,
il consent à héberger provisoirement Melody, affamée, seule, gelée.
Deux solitudes aux valeurs antagonistes se rencontrent.
Mais le clash prévu ne se produit pas.
Loin de là.
Boris apprécie la fraîcheur naïve et la joie de vivre de Melody,
et Melody apprécie les paradoxes epicuro-cyniques de Boris.
Alors ça tourne à l'histoire d'amour et au mariage de la carpe et du lapin...
Puis ça ce corse avec l'entrée en scène de la mère de Melody,
bigote coincée et envahissante,
séparée d'un mari de la même farine,
qui ne tarde pas à débarqué aussi.
Tout ce petit monde va connaître des recompositions sentimentales inattendues,
qui bouleversent leurs valeurs étriquées,
et par lesquels ils vont trouver leur bonheur.
Une sorte de minimum syndical pour Woody.
Le film n'est pas un sommet comme "Annie Hall" ou "Match Point",
mais n'est pas un plantage comme "Vickie Cristina Barcelona".
Comme "Vickie Cristina Barcelona",
il s'agit avec "Whatever Works" d'une sorte de conte philosophique qui fait l'éloge d'un épicurisme hédoniste,
qui professe que tous les plaisirs sont bons à prendre dans ce monde de brutes,
que toutes les forme d'amour se valent - par delà le bien et le mal -
"pourvu que ça marche" ("Whatever Works").
C'est donc une petite machine de guerre rigolarde qui bouscule les valeurs religieuses conservatrices des Etats-Unis.
Et ça c'est plutôt réjouissant.
C'est aussi un peu comme une série télé en 1h30 :
les personnages passent par des tas de rebondissement et de transformations qui,
forcément, en un si court laps de temps,
ne sont pas développées du tout.
Ainsi, un homophobe convaincu va devenir un gay décomplexé en l'espace... d'un plan.
D'un côté c'est bien,
Woody ne s'encombre pas de lourdes démonstrations psychanalitico-psychologiques,
et on apprécie, sans bouder son plaisir, un récit rapide comme un conte de Voltaire,
avec quelques répliques qui font mouche.
Mais d'un autre côté,
on a l'impression d'assister à un squelette de scénario, juste une esquisse,
dans lequel les personnages sont fortement typés,
et dont le rôle resterait à développer,
incarner, à habiller de désirs, de pans d'ombres, de mystères...
Woody Allen : peut mieux faire.